Dans toute mon œuvre, j’ai exploré les thèmes du corps et de la sensation. Une thématique que vient renforcer une écriture très « physique », organique, dénuée de toute analyse psychologique et dont le rythme même se veut au plus près de celui de la sensation. A tel point qu’on m’a souvent qualifiée d’ « écrivain du corps ».

Mon huitième livre sera l’occasion de me lancer dans une œuvre de longue haleine.

L’originalité de ce projet est de mettre en regard un texte long, narratif qui sonde la vie d’une femme avec un autre, en contrepoint, beaucoup plus court, déroutant, incisif, fragmentaire et de nature poétique. Ce texte en contrepoint s’inscrit délibérément dans une atemporalité, un moment du moins où le temps ne passe pas.

La juxtaposition de ces deux textes en miroir mais à la teneur profondément différente, et qui pourtant s’interrogeront l’un l’autre, instaurera toute la dynamique et la tension du récit.

Pour ce qui concerne la résidence à Scy-Chazelles, j’aimerais animer des ateliers autour du thème des récoltes autour d’un concept plus contemporain et poétique, l’élaboration de listes inédites, comme, par exemple, les silences qu’on aime le plus, les choses que l’on ne parvient pas à jeter, les chambres où l’on a dormi, les mots préférés, les paysages que l’on n’a pas oubliés, nos routes préférées, nos mets gastronomiques, les souvenirs inoubliables alors qu’ils sont anodins, les manies insupportables chez les autres, les tics de langage contemporains, etc.