Marcher

Il y a ici, à la résidence, un vélo électrique qui dépanne bien quand la distance à parcourir est longue, mais c’est marcher qui me convient le mieux. Moins d’encombrement.

Sac à dos, bouteille d’eau, appareil photo, cahier, stylo et parfois un morceau de tarte au fromage ou de tarte à la rhubarbe, mes deux gâteaux préférés et spécialités locales.

Je marche le long de la Moselle, dans les vieux quartiers de Metz, vers les étangs d’Argancy, ici ou là sur les traces des friches industrielles et bien sûr dans les rues d’Amnéville. Je prends grand plaisir à saisir la joyeuse audace des façades tout en choix couleurs. Je quitte définitivement le noir et blanc du passé.

Un bel et long article dans les pages Culture du Républicain Lorrain m’offre une certaine notoriété dans la ville de mon enfance. On me reconnait, on me salue, on me paie un verre au PMU ou au Capri, deux cafés tenus par des femmes. La petite Fabienne est ravie car avant de quitter la ville, elle n’avait pas forcément bonne réputation. Fin des années 70, une fille qui fume des sans filtre, qui chausse des rangers  et exhibe le mot Anarchie sur sa besace de lycéenne, cela dérangeait pas mal d’adultes.

La femme que je suis, traverse la  ville avec un agréable sentiment de paix, mes tenues sont plus classiques et j’ai appris à déployer le mot anarchie qui me semble toujours une belle perspective du vivre ensemble si on lui redonne son sens premier : une société sans hiérarchie.

Je prends en photos les façades, le pentu des toits si spécifique à la région et cherche des adjectifs pour décrire de manière précise le choix de la couleur  :  vert lichen, vert sauge, céladon …? En tout cas, pour quelques jours encore, le ciel restera bleu.