Ici et ailleurs
Du soleil derrière de la vitre, enfin ! Aussitôt j’enfile pantalon et chaussures de marche, parka et sac à dos. Ce dernier contient l’appareil photo, une thermos de maté, le carnet d’écriture et quelques fruits secs.
J’ai repéré une boucle pas très loin du gîte, au mont St-Quentin, col de Lessy, une boucle de trois à quatre heures de marche.
Un groupe à qui je demande une précision, propose de me joindre à eux. C’est sympa mais je n’aime guère marcher à plusieurs. Je supporte mal le bavardage quand je randonne. J’ai besoin de silence pour me concentrer sur le paysage et ce qui se met en mouvement à l’intérieur de moi. J’aime également prendre des chemins de traverse et m’arrêter pour photographier quand bon me semble.
J’emprunte d’abord une route dite de guerre jusqu’au plateau du fort de Plappeville puis sur les hauteurs de Châtel Saint-Germain, je profite d’une vue superbe sur les méandres de la Moselle.
Le soleil et les nuages se partagent le ciel, le vent agite les arbres et la boue colle à mes semelles.
Je suis merveilleusement bien. Quand je marche, je me sens délicieusement vivante.
Le chemin coupe à travers champs, longe une vieille ferme, puis rejoint une voie verte. Quelques bonjour donnés à des cyclistes, marcheurs et runners (courir n’est plus à la mode alors on run). Puis je prends de la hauteur avec un chemin dit noir qui traverse jardins, vergers et rejoint la forêt. J’avance et dans ma tête, le tourbillon des pensées s’apaise.
Marcher ce dimanche matin, sur les hauteurs de Scy-Chazelles m’entraine vers un territoire de la Moselle que je ne connaissais pas. Mes parents ne sortaient guère et j’ai comme seul souvenir un pique-nique sur un des crassiers d’Amnéville qui était, malgré le nom, une colline couverte d’herbes et d’arbres. Nous n’avions pas de voiture.
Quand je remonte dans mon fourgon, chaussures crottées et joues rouges, je peux à ce moment-là dire :
C’est beau !
Phrase rarement dite quand, adolescente, je vivais encore dans le pays d’ici.