Entre forêts et vignes :
dimension paysagère et patrimoniale

Le nom de « Scy » a probablement une étymologie gauloise correspondant au mot source. De nombreuses sources jaillissent du Mont Saint-Quentin et viennent encore aujourd’hui, se déverser dans les fontaines du village. Les Romains surent l’exploiter puisque des restes d’aqueduc souterrains, antérieurs à celui de Jouy Aux Arches, ont été découverts en-dessous de Scy-Chazelles en 1840.

 

Le nom de « Chazelles » remonterait, d’après les historiens du pays, au temps de l’occupation de la Gaule par les Romains. Les riches bourgeois de « Divodurum » (Metz d’alors) y construisirent des villas qu’ils protégèrent par un castellum. Les deux localités ne furent réunifiées qu’en 1809, d’où le nom de Scy-Chazelles.

De par sa situation géographique (versant Sud du mont Saint-Quentin), l’histoire de Scy-Chazelles est indissociable de celle du mont Saint-Quentin (358 mètres d’altitude) qui domine le confluent de la Moselle et de la Seille où s’est développée la ville de Metz.  Site classé depuis 1994, c’est-à-dire faisant partie des sites dont la conservation ou la préservation présente un intérêt au regard de ses richesses paysagères, patrimoniales, historiques et écologiques, une partie intègre également le périmètre Natura 2000 Pays Messin, remarquable pour sa faune et sa flore : orchidées, chauve-souris etc.

Sur les côteaux, la vigne s’y développe dès VIIIe et malgré le phylloxera (XIXe), elle continue aujourd’hui d’accueillir plusieurs vignerons et de nombreux sentiers de randonnée.
Scy-Chazelles est enfin un haut lieu spirituel puisqu’on y compte deux couvents (le monastère de la visitation et la Maison du Sacré Cœur), ainsi que deux églises dont celle fortifiée où est inhumé Robert Schuman.

Un village atypique

sous le regard d’un écrivain

La partie haute est caractérisée par ses rues étroites, ses vieilles maisons (Renaissance, XVIIIème) accolées les unes aux autres, ses lavoirs et ses fontaines. L’esplanade près de l’église permet de contempler la ville de Metz sous les marronniers plusieurs fois centenaires. Un itinéraire de promenade architecturale à découvrir.

L’écrivain britannique David Herbert Lawrence, célèbre pour son œuvre (L’Amant de Lady Chatterley), découvre le village en mai 1912 à l’occasion de sa fuite avec l’artistocrate et femme mariée Frieda von Richthofen. Fille d’un général prussien, gouverneur de la place forte de Metz après l’annexion de l’Alsace-Lorraine et cousine du Baron Rouge, elle partage sa jeunesse dans la ville avec sa sœur Else, élève de Max Weber et première femme docteur en économie de l’Université de Heidelberg. D. H. Lawrence relate dans son roman Mr. Noon retrouvé plus de cinquante ans après sa disparition, sa passion tourmentée pour celle qui allait devenir sa femme et son goût pour les promenades dans le village de Scy-Chazelles, aux couleurs italiennes :

« Au sommet de la colline, il s’assit sur une espèce de plate-forme ou de grande terrasse. La ville, les canaux, les fortifications, la plaine s’étendaient en contrebas. Il émanait des vieux vignobles sur le coteau une impression digne de Rome—de la vieille Rome ».

La partie basse actuelle de la localité sur la RN 3 est de construction plus récente et particulièrement dynamique. On y trouve la plupart des installations destinées aux enfants, de la micro-crèche à l’école primaire en passant par le périscolaire (accueil, centre de loisirs, cantine), ainsi que la bibliothèque et des commerces.

Une Maison des illustres :
musée, jardin et laboratoire

La maison de Robert Schuman est la résidence principale (1926-1963) du « père de l’Europe », homme politique et héritier d’une double culture franco-allemande, dont l’engagement européen en tant que ministre des Affaires étrangères et premier président du Parlement européen, semble inscrit dans ses origines transfrontalières.

 

Face à l’écheveau diplomatique de l’Europe après la guerre, entre 1945-1950, Robert Schuman estime qu’au-delà du démantèlement du militarisme allemand, il faut établir et fortifier de véritables liens européens pour qu’une paix durable soit possible. Il recherche donc une solution qui unisse la France et l’Allemagne non seulement en paroles, mais aussi en intérêts. Le Plan Schuman (1950), rédigé à partir d’une note transmise par Jean Monnet, repose sur deux principes essentiels : créer une nouvelle entité chargée de gérer en commun le charbon et l’acier de la France et de l’Allemagne, mais aussi poser la première pierre de la fédération européenne. Robert Schuman accepte de porter cette idée audacieuse.

« Les dures leçons de l’histoire ont appris à l’homme de la frontière que je suis à se méfier des improvisations hâtives, des projets trop ambitieux, mais elles m’ont appris également que lorsqu’un jugement objectif, mûrement réfléchi, basé sur la réalité des faits et l’intérêt supérieur des hommes, nous conduit à des initiatives nouvelles, voire révolutionnaires, il importe de nous y tenir fermement et de persévérer. »

« L’Europe, avant d’être une alliance militaire ou une entité économique, doit être une communauté culturelle dans le sens le plus élevé de ce terme. »

Le 9 mai 1950, lors d’une conférence de presse dans le Salon de l’Horloge du Quai d’Orsay, il la rend publique. Cet artisan de la construction européenne sait aussi clairement exposer ses valeurs : Sa maison d’habitation, de type rural, d’une grande sobriété architecturale, est caractéristique des demeures du pays messin. Elle date sans doute de la fin du XVIIIe siècle. Modestement meublée, elle témoigne des goûts simples de son propriétaire.
En mars 2007, la maison de Robert Schuman est l’un des deux sites culturels français qui a reçu le label « patrimoine européen » avec l’Abbaye de Cluny.
En 2011, la structure est également labellisée « Maison des Illustres » par le Ministère de la Culture, signalant ainsi des lieux dont la vocation est de conserver et transmettre la mémoire de femmes et d’hommes qui se sont illustrés dans l’histoire politique, sociale et culturelle de la France.

Depuis 2000, la Maison de Robert Schuman est un établissement muséal du Conseil Départemental de la Moselle, inaugurée à l’occasion du 50ème anniversaire de la Déclaration Schuman, désormais journée de l’Europe et à ce titre, elle a bénéficié d’importants travaux de rénovation et d’extension financés par le Département de la Moselle avec le concours de la Fondation Robert Schuman (Paris) et l’Union européenne.
Cet espace muséal comprend une exposition permanente sur la vie et l’œuvre européenne de Robert Schuman, ainsi qu’une salle d’exposition temporaire et un auditorium. Ce lieu propose en outre de nombreuses animations culturelles (concerts, spectacles, conférences…). Le musée comprend ainsi à la fois la maison de ce grand amateur de littérature et son jardin.
En effet, dès 1935, passionné par les livres et autographes, il collectionne de nombreuses pièces rares, notamment des manuscrits d’écrivains du XVIIe et XXe siècle, comme celui écrit de la main de Montesquieu, relatant son séjour à Lunéville à la Cour du Roi Stanislas (Souvenirs de la Cour de Stanislas à Lunéville, 1747). Sa bibliothèque constitue un passage important de la visite.

Le jardin, baptisé Jardin des Plantes de Chez Nous, fait partie du réseau transfrontalier « Jardins sans limites » qui offre 23 créations paysagères à découvrir en Moselle, en Allemagne et au Luxembourg, à travers un florilège de joyaux végétaux qui se joue des frontières, entre potager et jardins d’agréments.