Le Pont Rouge, Metz

Il est toujours là. Pas loin de l’hôpital des armées, Legouest. Façade délabrée. Cela n’a jamais été un bel endroit, nous le fréquentions pour sa proximité du lycée et sa capacité à nous accueillir, bande de filles et de garçons bruyants, fauchés et terriblement vivants.

On n’y buvait rarement de l’alcool, c’était le bar des intercours. Un café pour deux quand l’argent de poche manquait. Le baby-foot et le flipper où nous accédions parfois, nous les filles, occupaient le temps. On enfumait la salle avec nos Gauloises, Gitanes, Boule d’or, Bastos. La musique du juke-box était une présence faite des Rolling-Stone, Joan Baez,Ten years after… seule mon amie Corinne, celle avec qui je ferai la route plus tard, osait mettre un tube de Claude François. La musique disco était notre impensable, Corinne s’en foutait. Au  comptoir s’arrimaient les alcoolos. Des vieux qui ne nous intéressaient pas. Certains jours, le serveur nous viraient quand notre présence était trop bruyante et que depuis une heure nous n’avions rien commandé. Puis il fallait bien retourner en cours, parfois je partais dans l’autre sens, vers le quai des Régate où pouvait s’exprimer ma part romantique. J’attendais quelqu’un.

Balle