Vivre ici

D’abord Knutange pour l’étonnant bar-restaurant Remotel (une histoire familiale de 70 ans qui cherche d’ailleurs repreneur) où l’on peut s’étonner devant une  impressionnante collection de mignonettes. 

Dans une salle à côté du bar, expose Fillibert, un ancien chaudronnier qui donne vie aux rebuts des coulées, les loups de fonte et aux objets métalliques glanés dans les usines désaffectées. De quoi nourrir ma curiosité. Au retour je m’arrête à  Hayange, tout est là de l’histoire ouvrière. La ville est cernée par les voies rapides et les vestiges de la sidérurgie. Il fait soleil et c’est tant mieux, je ne veux pas ternir le paysage mais le questionner. Alors je marche dans la ville où de nombreux commerces fermés présentent leurs vitrines muettes. Grâce à ma vie nomade j’ai souvent vu, dans toute la France, des communes au centre-ville agonisant.

Le bruit des voitures se fait entendre de partout, pourtant ce n’est pas l’heure de pointe. Qui habite là ? J’allais ajouter : encore là ? Ne pas commenter trop vite.

Il faudrait avoir le temps de rencontrer une personne qui puisse expliquer, contextualiser le vivre ici. Je sais que le maire de la commune est un ancien ouvrier, ex-militant CGT, et actuellement membre du Rassemblement National. Parcours pas si banal que cela. Je marche, je photographie et le soleil offre de puissants contrastes à la forêt environnante.

Traverser Hayange c’est retrouver les sensations de mon enfance quand le paysage amnévillois était fait de la masse imposante des usines.

Dans la région, certaines communes ont su s’inventer de nouvelles dynamiques, d’autres ne se remettent pas de la violente fin de l’industrie. Je marche dans Hayange et ne sais quoi en penser, puis rejoignant mon fourgon garé dans une ancienne cité ouvrière, maisons toutes construites à l’identique, je découvre un très vieux et petit cimetière israélite coincé entre le pont de chemin de fer et une voie rapide. Le portail est fermé, pas de visite possible. Dommage, le lieu intrigue par son ancienneté, 1866, et son enclavement.

Oui il faudrait rencontrer quelqu’un qui raconte la vie d’ici.