Un noiso. Les zoizo. 

Elle a dit la poésie ça fait du bien ça me calme.

Il a dit lire ça apprend à savoir lire.

Il a dit parfois il y a des histoires très tristes.

Et un peu plus tard il a dit : parfois les histoires commencent tristes et finissent drôles.

Il a dit quand on a besoin d’écrire on écrit.

Elle a demandé : est-ce qu’on peut écrire des cœurs ?

Elle a demandé est-ce qu’on peut écrire des erreurs ?

Merci énormément à Karine, leur maîtresse. ( Parfois moi aussi, ils m’appelaient maîtresse. )

Mateo a dessiné un arbre, une bulle avec dedans des notes de musique. Un arbre qui chante. Un arbre qui est lui même l’oiseau.
Kaweilanne a dessiné un arc-en-ciel et un soleil dans le coin. Elle m’a dit : c’est mon père qui m’a appris à dessiner les soleils dans les coins.
Malik a dessiné beaucoup de montagnes mais une au milieu beaucoup plus grande. Et il a écrit Quand je suis grand je monterai l’Everest ( quand j’aurai 1718 ans).
Sur le dessin de Malik il y a aussi un bonhomme qui tire la langue. Comme si la langue tirée était l’envie d’un poème. Et sur la langue tirée il y a une petite montagne. Comme si chaque poème était un petit Everest.
Annaëlle a dessiné une table grise avec un beau coeur rouge dessus. Comme s’il fallait toujours une table sous nos cœurs.
Elle a écrit : des petits poissons nagent dans la mer. Un cerf est dans la neige. Et la page d’à côté elle a écrit: « écrire nège et la mèr. »
Sur la dernière page, elle a dessiné un arbre avec plein d’oiseaux autour. Comme si les oiseaux étaient les fruits de l’arbre.
Lenny a dessiné une table et à côté de la table un arbre avec des feuilles en papier de poème plutôt que des feuilles-feuilles. Il a aussi dessiné une pomme avec un visage. « Une pomme vivante » il m’a dit. Un peu avant, je leur avais demandé quel autre mot on pouvait entendre dans le mot poème. Et l’un d’eux avait dit : pomme.
Marceau a dessiné une table bariolée. Et à côté de la table deux pots. L’un avec une fleur vide, toute grise. Et l’autre, une fleur toute fleurie.
Félix a dessiné une table marron. La chaise ressemble à un arbre assis, c’est une chaise avec en haut des branches. Un garçon est assis dessus. Sur la table il y a un chat. Ou peut-être est-ce un lapin. Sur une autre page Félix a dessiné un garçon avec un visage, des mains et des pieds en forme d’horloge. Et des cactus tournoyants avec des glands au bout. Il y a aussi au sol des horloges avec des racines. Joud a écrit quatre fois son prénom. Sur chaque page de son livret. Joud a fait un sablier avec en haut quatre personnes et en bas plus que deux. Joud a aussi fait un arc-en-ciel avec deux fenêtres dedans, comme deux yeux.
Elsa a dessiné une table et deux chaises autour. C’est alors une table en même temps pour écrire et pour discuter. Sur la table il y a des petites étoiles qui ressemblent à des hiéroglyphes. La table d’Elsa me fait penser à la pierre de rosette. Sur une autre page, Elsa a fait une fille avec un grand visage mais sans le visage dedans, sans les yeux le nez la bouche. Mais derrière ses pieds il y a la trace de ses pas.

Souhail a écrit « écrire chez moi ».  J’ai pensé aux chambres à soi…
Manel a écrit La table du poème et dessous a dessiné la tour d’un château immense avec un tout petit pont levis. Et une colonne de cœurs le long du donjon. J’ai pensé devant le dessin qu’un poème est un immense château avec entrée de souris.
Seyfedine a écrit « ojordui il ple demin il fera bo ap demin il fera bien la noi il era des stoiles sébien la vi ». Je suis émue. « Ojordhui ». Ce pourrait être un titre. La noi. Pour la nuit et le noir en même temps. Les étoiles qui sont déjà les stars anglaises.
Kazena a écrit « la cemaine je vaivoir une statu ». C’est parfait, je le lui ai dit : c’est un parfait poème.  La semaine je vais voir une statue.
Anissa a dessiné une table qui est aussi un petit champ de marguerites. La chaise ressemble à une plus grande marguerite. Elle a écrit « L’espac est les zétoil qui bri otour de noue est le soulêi qui noue réchoffe est floté quansi on volê. Les montagn si gran est les zoizo qui chant. La nature est boe. ». L’espace c’est les étoiles qui brillent autour de nous et le soleil qui nous réchauffe et flotter comme si on volait. Les montagnes sont grandes et les oiseaux chantent. La nature est belle. Le comme si qui devient quand si. C’est exactement ça: la comparaison devient quand. Et boe est assez pour être belle et le féminin de beau.
Adam a dessiné une maison. Dans la maison il a écrit son prénom Adam et quelques autres prénoms de personnes de sa classe. Il a aussi écrit Mal mots poèmes . Derrière il a écrit : la table du poème se transforme en méson du M. »
Néo a dessiné une table avec un coin un peu tordu parmi les quatre. Un peu avant il m’avait dit avoir lu en classe un livre sur un chat à trois pattes. Dans le coin un peu tordu de la table, il y a un arc-en-ciel. Le reste de la table est blanc. Il a dessiné une flèche qui désigne l’arc-en-ciel-coin-de-table et il a écrit « tou le pasé ». Il a aussi écrit « un enfens grans ». Un enfant grand.
Yara a écrit « la table quich » et le titre s’arrête là. Mais plus bas elle a dessiné une table toute en couleurs. Et sur la table elle a écrit : je suis une table qui chante.
Maël n’a pas dessiné. Il a écrit un poème qu’il a inventé, au milieu de sa page : « écrire dés mot.
écrire dès frases.
écrire un poéme. »
Derrière, Mael a écrit un deuxième poème qu’il a inventé : « e secesé un mirour ou un chien. » Est-ce que c’est un miroir ou un chien?
Shanna a dessiné une table avec trois pieds droits et un quatrième qui penche un peu sur le côté, comme s’il voulait aller danser. Sur sa table elle a mis des nuages.  Autour, des cœurs. Et en dessous elle a écrit: « j’ai me est crire ».