Chronique 3
Aujourd’hui je fais le tour des églises alentour où seraient conservés des vitraux de mon arrière-grand-père mais il n’y a rien à voir devant les portes closes.
Je résiste devant les fermetures des églises. Aujourd’hui on les protège, de quoi ? Des vols mais on nous vole notre âme ? Des dégradations mais ne sommes-nous pas déjà meurtris par l’époque ?
Tellement de protection partout que le pèlerin comme le passant doit rebrousser chemin. Les pistes disparaissent à mesure que les caméras et les mesures de protection se multiplient. Où seront nos traces de pas demain à part sur les plateformes où l’on nous piste, les puces de nos cartes, les reconnaissances faciales, nos empreintes digitales éparpillées partout soi-disant pour nous faciliter la vie.
Et on voudrait tant percer les mystères derrière les portes comme des trous dans les pierres et comme les meurtrières fichées sur les murs. Ici les églises sont fortifiées mais qui est l’ennemi à présent ?
Je ne peux que me heurter aux portes closes. Alors appeler les numéros indiqués et tomber sur des répondeurs. Existe-t-il encore des voix ?
Les églises vides sont fortifiées et comment remplir l’espace du poème devant le vide de sens ?
