Retrouvailles

Vers douze ans, avec mon plus jeune frère, nous avions relié Amnéville et Gravelotte en vélo, lui sur un demi course, moi un mini – vélo.

A l’époque, enfourcher un vélo dit de garçon, ne se faisait pas pour une fille et tant pis pour le double effort ! Je nous vois encore pédaler comme des dératés, puis visiter l’ancien musée (certainement le premier musée que je visitais de ma vie) dédié aux batailles de 1870 et à l’annexion de l’Alsace et la Lorraine à l’Empire allemand (ça se sont les mots d’aujourd’hui car en 1972, pour mon frère et moi, nous visitions un musée sur la guerre connu pour sa collection de soldates de plomb mis en scène sur une carte en relier. Ce moment est resté gravé en moi et s’invite d’ailleurs dans le roman en cours.
Il est facile d’imaginer mon émotion à être accueillie, ainsi, dans le nouveau musée à l’occasion de l’ouverture de ma résidence, de donner à entendre aux personnes invitées  quelques passages de mes livres où la Moselle, la vallée de la Fensch, la sidérurgie  s’invitent régulièrement.
J’ai échangé ensuite  avec ceux et celles qui donnent forme et fluidité à ma résidence, une équipe que je prendrai le temps de nommer et remercier dans un autre post. En tout cas leur enthousiasme et leur engagement pour la Culture renforcent mon plaisir à être là.
Sur la photo d’Anthony  Picoré, on peut voir derrière les vitres du musée, l’avant de mon fourgon qui est ma maison depuis plus de quatorze mois. Fourgon que j’ai baptisé Mon Chéri car il est joyeux de pouvoir dire : Mon chéri m’attend sur le parking.
Ce soir-là, au musée de Gravelotte, la petite fille que j’ai été, dit à la dame que je suis devenue : t’as vu, on s’en sort pas trop mal pour des  filles d’ouvrier !