À nouveau, quelques textes écrits ici, à Scy. Qui sans doute, d’une manière ou d’une autre, portent la trace de ce temps de résidence

Mais ne vous échappez pas du chemin parce qu’il peut encore y avoir des bombes

M’a dit la dame dans l’église à qui je demandais
Si je peux aller marcher vers le fort
Presque un siècle après nos guerres.

Sans tirer, mon cœur,
Apprenait la dame la laisse à son chien:
C’est cela que nous faisaient les adieux,
Tirer notre cœur.

Attention au départ

Répéte la petite fille après le train
A qui son grand père dit tu es un perroquet tu répètes tout
Et elle ne m’a pas fait le plaisir des ronds , de répéter ceci, bien sûr.

J’ai vu la mère, lorsque le train entrait en gare, compter les voitures, 14, 15, 16, et à la 17 dire, vite, à la petite de se cacher derrière le poteau ( j’avais cru qu’elles allaient monter). C’était donc une surprise et elles attendaient quelqu’un. Mais postée moi, pour grimper dedans, à la porte du wagon, je n’ai vu personne qui en descendait s’arrêter sur le quai et les chercher et s’étonner -ou feindre de s’étonner « oh mais où est ma petite oh mais c’est à qui cette main qui dépasse de ce gros poteau ». J’ai vu la petite fille res-ter cachée. Et sa mère, chercher de la tête vers la rame. Et je suis montée, toute la 17, donc, descendue. Je ne sais pas si la petite est toujours derrière son poteau, si la vie a fait une mauvaise surprise à sa surprise.

Temps parfois , son lent lynx.

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Est ce que la seule consolation à leur mort sera me dire : ça n’arrivera plus. Je n’aurai plus à les perdre.

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Il faudrait quitter ce Paul seul ouvert de Toussaint et aller faire une ballade ainsi qu’on dit, dans un coin vert. Avant que la nuit tombe. Et qu’ainsi j’ai fait quelque chose d’autre que respirer. ( c’est pour la phrase. En réalité c’eut été beau mais je n’ai pas respiré d’ailleurs le pantalon me serre, comme cette journée me serre, étant trop grande ).

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« J’ai besoin d’aide pour comprendre ce qui ne va pas avec ma plante. Je ne sais pas le nom quelle porte et donc ne trouve pas de conseil. Quelqu’un sait com-ment faire pour lui redonner des feuilles ? »
Cést beau. On dirait qu’elle est avec un inconnu. Qu’elle retrouve le frémissement de l’inconnu. Je dis c’est beau parce qu’aujourd’hui je suis lasse d’écrire mais il faudrait un autre adjectif.

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Parfois j’en ai assez d’écrire mais quoi vivre d’autre ? Il faudrait recommencer tout. Être gentille.

Il y a ces façons qu’ont les pneus de voiture de s’aplatir sans céder, roseaux caoutchou-teux, quand l’on s’asseoit à l’avant, avec tout notre poids de chair.

La vieille dame tricotait mais
Défi de petite fille
Avec un ballon de baudruche, dans les mains.

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Si j’avais un vœu égoïste :
Retrouver le goût de lire, les après-midis entiers, et ne pas comme aujourd’hui devoir fermer un œil pour lire parce que mes yeux ont désappris la magie naturelle ou qu’en tout cas ils savaient bien, de s’épauler et relayer l’un l’autre sans que ce qui tient de l’un ou est le fait de l’autre se discerne et je lisais, victime, et, même, sa préférée, du temps si le soir arrivait avant de voir l’après-midi.

Ahou Daryaei. La puissance de ses bras croisés. Sa simplicité totale. Désarmée. Mais, aussi, imperturbable – ou peut-être imperturbable c’est moi qui vois de trop loin.