Journal ouvert

On m’a dit ce soir que la gamme des notes de musique se trouve ou se retrouve dans notre colonne vertébrale. Que les gammes en quelque sorte sont naturelles, sont anatomiques. Qu’on devrait chanter chaque jour, avec sa voix, avec ses vides. Le feu crépitait parfois autour de Magnificat, Stabat Mater et du credo de paysans. J’imaginais contre nos chaises, couler le long de nos vertèbres, silencieux tatouage: Do re mi fa sol la si do. -Enfant j’entendais toujours Lassie, le chien.

Si la fille était la lune
Elle n’aurait trouvé comme principe d’apparition
Que celui de l’accumulation

Et sans effacer ses vieilles traces ni se faire une beauté -une beauté  une forme –
Chaque soir serait venue avec sa traine des veilles
Jusqu’à au lieu de l’éclairer boucher le ciel entier.

Sa cagoule ne tourne pas quand il tourne
Et l’enfant se retrouve l’œil sous la laine
Comme une éclipse mal ajustée.

Journal ouvert

Le labrador se terrifiait de l’escalator. Alors l’enfant l’a porté
Comment est
La première nuit de mort
Des morts ?

Sur le gazon tout juste tondu
Une gélule rouge et blanche
Pour que le jardin soit bien
Celui de l’hôpital.

Si j’étais un pommier
Je mangerais mes pommes
a envisagé la réincarnation l’enfant.

Il était maigre

Elle un peu pas ronde mais charnue, le mot est laid
Il avait l’air extrêmement gentil
Elle avait une paupière tuméfiée et de très longs cils, faux
C’est lui qui portait le sac
Le sac ne fermait pas je ne sais pas si à cause de la sorte de couverture dedans ou de la fermeture éclair je ne suis pas penchée assez
Je me suis demandé s’il la battait.

Ma mère – qu’elle frottait les bretzel pour enlever le sel.
Ma mère – qu’elle n’aimait pas la crème ni les gâteaux au beurre, par contre bien une fine couche de beurre, dans un bretzel ouvert en deux.
Je frotte aussi les bretzel.
Je souris moins qu’elle en les mangeant. D’ailleurs souvent il m’en faut deux.