Quelques poèmes écrits ici, à Scy. Je crois que, comme les plantes, les textes ont des « racines pour aspirer les condiments du sol ». Et qu’alors, sans tous directement évoquer Scy-Chazelles et ce temps de résidence, ils en parlent bien quand même un peu.
Pas tellement du réel mais
D’un environ
Et d’un souvenir
Essayait la dame de déterminer ce dont
Elle a besoin pour, et quoiqu’elle le prononce à petite voix : vivre.
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Leurs racines servent aussi à aspirer les condiments du sol
M’a expliqué par écrit ma mère
La vie des plantes
Après que je lui demandais
Où mettre l’eau, dans son pot ou sa coupelle,
À la plante dont j’étais l’invitée.
Et pour ne pas trop réaliser l’effroi du vivant, dans la pièce à côté,
Je répétais au milieu de la mienne :
Vos racines comme nous une paille.
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Encore enroulées les guirlandes électriques de noël semblaient
Sa couronne d’épines
Ainsi pouvait Jésus
Mourir et naître.
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Si ca se verrait dans mon ombre
Que je ferme les yeux ?
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L’église sonnait et je ne sais pas
Ce qu’en pensaient les oiseaux.
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(Il y a des stores dans le logement où je réside. )
Les stores du CDI et les fermer alors que le collège était vide, seulement ma mère et moi, et résister au plaisir matelot de les fermer brusquement, en prenant dans ma main trop de longe, et devoir ne pas penser être une fermière en train de traire sa vache avec ses mains rapides et habituées, avec le va et vient de haut en bas. Devoir seulement les fermer, et ne m’accorder que le très discret plaisir des pointillés et imaginer l’aube agripper par illuminé morse la nuit profonde des chaises et des livres.
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Et derrière le portail abandonné, rouillé,
Le mimosa lui
Continuait, superbe, sa course.
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Et par exemple il fallait
Être devant les hortensias
Pour penser j’aime les hortensias
Et quoique ma mère les décrirait mieux que moi
Et mon père penserait à ceux en massif de chez ses parents,
Comme être devant la voiture dont un grand adolescent se dégingande par la porte avant, lâché sans stationner à un feu de circulation,
Pour penser aux matins lâchés des gares
Le train de 7h21 8h, 7h53 9h.
Et être dans octobre doux pour penser
Aux Toussaints des championnats d’échecs et moi ne pas jouer mais le soir au football entre frère et père,
Ou quand je savais encore faire du vélo
Et que les rues adjacentes
Étaient le monde,
Où un jour devoir devenir quelque chose,
C’était la promesse menaçante
Que prononçaient les matins.
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Il y avait ces parcs de ville, sans portail, calés entre deux rues, parfois l’une escaladant l’autre, je ne sais pas décrire, une rue en bas et une autre en haut et sur la même pas colline, la pente, un parc, sans entrée, et les escaliers sont aussi les bancs. Et dans le parc de ville, penser à toutes les villes en pente ou les moments où même les villes plates font des pentes, parce qu’on n a pas d’autre pensées que ce qu’on a devant et ses propres souvenirs et quoiqu’ils soient, on dit cela, bons, de bons souvenirs, ne sont pas accessibles, ou après trop de pentes et la mémoire le plus souvent est notre organe qui ne nous fait rien. Les gens passent. En fait les gens passent et s’évitent ainsi le tour. Et dans le raccourci s’asseoir, au milieu du chemin rapide, s’asseoir.
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Oui j’ai peur de ma mort
A acquiescé la fille à qui l’on demandait
Si elle a peur de la mort.
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On a mis une horloge
En face de la plante
Pour la presser un peu.
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Il me manque le dernier mur
A réalisé, à voix haute et seule dans sa pièce bien fermée,
La fille.
C’est pour ça que je vois tout.
Et elle n’a pas pensé :
Pour ça aussi que je me laisse me fais tout voir.
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Quand vivant on en avait une on voyait bien:
Notre ombre
Plus grande que toutes les tombes.
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Réapprendre à fermer l’écriture. Ou tu es Faust trompant Faust. ( et, donc, Faust est trompé.) ( à la fin, la fin du pacte, tu te manques à toi même).
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Cette fille avait un bord des larmes constant.
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Essaye
Devant ta maison
D’en imaginer une autre.