Un sentiment inhabituel de facilité. Quelques mois après avoir quitté Scy-Chazelles c’est la première impression qui fait surface quand je convoque le souvenir de ma résidence. Facilité de l’installation dans ce grand et lumineux appartement qui fut pour moi la capsule de travail idéale. Où m’enfouir dans la matière apportée (livres, notes, documents, graphes, premiers jets…), où la pétrir en des formes multiples, où expérimenter, laisser surgir l’inattendu. Avec le luxe de la continuité. L’assurance de ne jamais être dérangé. Facilité aussi des relations avec mes interlocuteurs (enseignants, étudiants et élèves, personnel de la Maison Robert Schumann, habitants et bibliothécaires de Scy-Chazelles, vignerons d’Ancy-Dornot, musiciens de Metz…), toujours disposés à suivre mes propositions, toujours impliqués pour me donner les moyens de les réaliser. Facilité finalement à écrire le texte ayant motivé ma candidature. Et surprise de le voir se prolonger en de nouvelles pistes de livres, de performances et d’installations. Facilités qui, je n’en doute pas, sont le résultat d’une préparation attentive de mes hôtes. Ainsi qu’en témoigne cette magnifique invitation à transférer mon atelier au Domaine Les Béliers : trois jours en suspension dans un bouquet de chênes, en immersion dans le brasier des vignes. Excursion décisive pour l’émergence d’un Orphée vigneron. J’écris – difficilement – ces lignes à Bordeaux, l’extrémité d’un fil bleu et vibrant entre les doigts ; long, très long, fil dont la première attache se trouve quelque part en Austrasie, cordée d’amis – faisant cortège.