Je me souviens de la douceur de mes jours à Scy-Chazelles à l’automne 2019. Dans la lumière d’ambre et d’or de septembre et octobre parmi les vignes et les grands arbres de la forêt du Saint-Quentin. Le matin, écriture, l’après-midi, promenade et le soir lecture. Sans oublier les échanges joyeux et complices avec Carole, Madeleine, Alicia, Loïc, Yannick, Nico et les autres. Parfois, le matin, en arrivant dans la classe de Marie, une surprise m’attendait accrochée au mur ou pendue aux lèvres. J’aimais plus que tout aussi, les petits chemins qui montaient sec dans le vieux village.
Bref, c’était la vie rêvée, non pas des anges, mais des écrivains.
Ce souvenir me donne encore plus de nostalgie quand je songe que ces journées entières dans les arbres et les livres étaient les derniers d’une époque révolue, le monde d’avant. Une fin dont je n’avais aucune conscience alors.
Un mois après mon départ de Scy, Wuhan signalait ses premiers malades et le monde, incrédule, voyait le virus chinois coloniser la terre entière et, en seulement quelques mois, l’assujettir, l’appauvrir et l’attrister, à défaut de la décimer.
Moi qui crois aux signes, je comprends maintenant la lumière extraordinaire qui régnait là-bas. Ambre et or du matin au soir.
Les fins recèlent toujours des beautés inédites.