Une résidence d’écrivain, pour moi, c’est, en premier lieu, la solitude, la solitude choisie, de celles dont on a besoin de temps à autre pour échapper au fracas du monde, une solitude peuplée d’intérieur qui attend, et qui sans elle ne sortirait pas. Quand je suis arrivé à Scy-Chazelles, le 1er octobre 2017, dormaient en moi plusieurs choses, un roman qui, son prédécesseur publié, se cherchait une voie de sortie, une pièce de théâtre aussi dont à peine les premières grandes lignes se dessinaient. Le mois de résidence a secoué tout cela, je veux dire comme on secoue des maracas pour en faire sortir leurs sons, ou un cocktail dans un shaker, ça m’a toujours fasciné.
J’ai tenu, pour que tout reste centripète, un journal de bord de ce mois-là, entre-temps il est sorti dans la collection « Discours sur la littérature » du CNL luxembourgeois. C’était le ciment de mes jours, le mastic plutôt, servant de joint aux fragments qui se bousculaient à la sortie. La solitude en a besoin, l’écriture aussi. Le roman, Leonardo a trouvé sa première consistance, il a été publié deux ans plus tard… Et le trait des grandes lignes de la pièce de théâtre s’est épaissi, elle aussi est écrite depuis, Frontalier, et paraît en février 2021, puis elle sera montée, et si la pandémie le permet – au Luxembourg les théâtres sont encore ouverts – la première aura lieu le 13 mars 2021 au Théâtre national de Luxembourg. Un long monologue que j’ai confié au comédien Jacques Bonnaffé, et au metteur en scène Frank Hoffmann, il est entre d’excellentes mains.